Récemment, j’ai lu un article super intéressant de Nadège @nodisamoris : Devenir monitrice de portage, peut-on en vivre ? Il est très bien fait et met en évidence beaucoup de choses qu’il est bon de savoir avant de se lancer dans l’aventure. Je vous invite vivement à le lire.
Pour autant, je ne suis pas tout à fait d’accord avec sa conclusion initiale que « NON ça n’est pas possible ». Je me permets donc de vous partager ma vision des choses.
Pendant longtemps, les monitrices se sont uniquement basées sur le tarif de la concurrence pour calculer le prix de leurs ateliers. Concurrence historiquement composée de mamans souhaitant partager leur savoir au sein d’associations. Or, on le sait, une association n’a pas pour but de faire des bénéfices et pour ces femmes, être monitrice de portage n’était pas un métier mais plutôt un loisir, le plaisir de transmettre une pratique ancestrale.
Force est de constater que le portage s’est professionnalisé. Une monitrice aujourd’hui est formée (initialement et de façon continue) et exerce sous un statut entrepreneurial : la micro entreprise (le plus souvent). Malheureusement, le comportement « entrepreneurial » lui, a du mal à suivre. Un entrepreneur qui veut vivre de son travail ne base pas ses prix sur la concurrence. Bien entendu, il la connaît, mais il va chercher à se différencier et à accorder son prix à son produit. Avant de se lancer, il va étudier le marché pour savoir s’il y a de la demande, si le secteur est porteur et en quoi il a quelque chose de neuf à apporter. Être entrepreneur, c’est aussi tracer son propre chemin.
Vous l’aurez compris, si se renseigner sur la concurrence est important, cela ne doit pas être le critère numéro un pour calculer son prix si l’on souhaite vivre de ses ateliers. C’est pour moi prendre le problème à l’envers. D’abord, on calcule le tarif et le nombre d’ateliers qu’il va falloir faire par mois ou par semaine pour en vivre et ensuite on s’assure que c’est réaliste.
Retour sur les calculs de Nadège :
Il me semble important d’apporter un certain nombre de précision. Le problème de l’abattement fiscal (35%) entre en compte pour savoir combien d’impôt sur le revenu nous allons payer mais pas combien nous versons finalement. Le régime de l’auto (ou micro) entreprise fonctionne sur un forfait qui n’est pas toujours le reflet de la réalité. En revanche, les cotisations sociales (22%), elles, sont bien à prendre en compte. Pour autant, nous n’avons d’autre choix pour nos projections que de se baser sur l’estimation forfaitaire du régime mais elles ne seront qu’une estimation.
(pour 1000€ de chiffre d’affaire)
Les cotisations sociales sont à 22% (en prestation de service) soit 220€.
Une fois les Cotisations Sociales (CS) déduites, il reste donc 780€.
A cette somme seront encore déduites vos charges fixes et variables (autre que les CS). En microentreprise, l’état considère que vous utilisez 34% de votre chiffre d’affaires pour vos différentes charges. Cela comprend les cotisations sociales (que nous avons déjà calculées) et toutes les charges fixes (assurance, médiations, communication, matériel…) et variables (essence, stationnement…).
Pour simplifier les démarches, en auto (ou micro) entreprise, l’état estime que pour fonctionner vous devez avoir environ 34% de charges, nous reviendrons plus tard sur ce point. Ici nous avons donc (en théorie ici, 22% de CS et 12% de charges « autres »).
Si je refais les calculs :
Pour gagner l’équivalent d’un SMIC de 1302€/mois je dois faire 1972.72€ de CA.
Attention…L’estimation de 12% de charges diverses n’est qu’une estimation. En fonction de la façon dont vous choisissez d’exercer les charges peuvent être bien plus importantes que ça (loyer du local, formations régulières non prises en charge…).
Avec le tarif de Nadège (45€ pour 2h) il faut donc faire 44 ateliers dans le mois, 11 par semaine (2 ateliers par jour + 1 sur une semaine de 5 jours).
Avec mon tarif (90€ pour 2h) il faut faire 22 ateliers dans le mois, 6 par semaine (1 atelier par jour + 1 sur une semaine de 5 jours) CF tableau.
Bien entendu, la demande va varier selon les régions. Il se peut que certaines aient peu de parents demandeurs ou beaucoup de concurrence. Ainsi certaines monitrices font 15 ateliers par semaine là où d’autres n’en feront qu’un ou 2. En outre, en général, pour vivre correctement de son métier, il faut l’exercer à plein temps. Vous me voyez donc peut-être venir… Combien de métiers, sans diplôme (oui une formation de quelques jours n’est pas un diplôme), autonomes et flexibles, permettent réellement de faire un SMIC en travaillant 11h à 22h par semaine ???
Pour en vivre, il faut donc envisager de travailler à plein temps ou presque, et cela n’est pas réalisable pour tout le monde. A 45€ de l’heure, 4h par jour, 5 jours par semaine, on est sur un CA de 3600€. Si on retire les charges (CS + autre selon le forfait de la microentreprise), il reste 2376€. Donc oui, on peut vivre du portage si on bénéficie d’une demande en atelier suffisante et qu’on pratique des prix cohérents avec cet objectif.
Depuis la première rédaction de cet article (vous lisez actuellement sa dernière mise à jour) j’ai augmenté mes tarifs (de 70€ à 90€) et réduit le temps de ceci (de 3h à 2h). C’est à ce jour le bon prix pour moi mais les ateliers ne sont pas mon activité principale. Aujourd’hui je ne fais que 2 ou 3 ateliers par mois. Ce prix ne sera pas le même pour tout le monde. Le rapport à l’argent est parfois difficile, l’estime de soi et de son travail également. Ajoutons à cela une historique d’activité sous payée et nous obtenons une activité professionnelle peu reconnue et peu valorisée. Mais définitivement c’est à nous qu’il appartient de faire changer les choses.
Rappelons-le à 22€ de l’heure comme à 45€, on ne devient pas riche en étant monitrice de portage. En revanche, pour travailler dans de bonnes conditions et en étant payé décemment il faut appliquer un prix cohérent avec l’objectif à atteindre.
Pour ma part, je considère aujourd’hui un atelier de portage comme une séance de bien-être (massage, soin de beauté…) et mes prix me semblent donc réalistes au vu des tarifs pratiqués pour ce genre de prestation. Vous me direz, « Oui mais ces soins de luxe ne sont pas accessibles à tous hors le portage peut apporter beaucoup plus que du confort ». En effet, mon expérience m’a prouvé que faire des ateliers à bas prix ne faisait pas venir les personnes en situations précaires. Le plus souvent, celle-ci n’ont pas accès à mes ateliers parce qu’ils n’ont pas l’information, le temps, l’envie… Pour contourner ce problème, je fais donc des ateliers gratuits au sein de structures comme les PMI ou les associations d’aide qui, elles, sont déjà en lien avec ce public. Mais ne nous y trompons pas, je ne pourrais pas fournir ses prestations gratuitement, si je n’avais pas une activité correctement rémunérée par ailleurs.
Si la demande de portage n’est pas suffisante dans votre région, l’option de se diversifier est une solution envisageable. Massage bébé, Signe avec bébé, éducation positive… Les parents intéressés par l’un de ces sujets sont souvent sensibles aux autres. Dans presque tous les cas, être monitrice de portage offre la possibilité d’un temps partiel intéressant. Si on arrive à faire quelques ateliers par semaine, on peut se dégager une petite rémunération avec le confort de l’autonomie, la flexibilité, le métier passion… Ce qui représente un choix tout à fait valable pour beaucoup d’entre nous.
Les écoles de monitrices ont longtemps laissé de côté l’aspect administratif, légal et économique de cette activité, offrant peu d’informations sur ces sujets dans leur formation. Avec Transmettre Ensemble Le Portage, nous avons fait le choix d’en parler largement afin de soutenir la professionnalisation du portage et de permettre à nos stagiaires de se lancer avec les bonnes clés en main. Pour plus d’info sur cette formation c’est par ici.
Formations en portage des bébés pour établissements hospitaliers et EAJE, assistantes maternelles et professionnels de santé et de la Petite Enfance.
Copyright © 2023 PEDIAGORA | Tous droits réservés | Réalisation : Dixionline, Agence webmarketing Montpellier
Cookie | Durée | Description |
---|---|---|
cookielawinfo-checkbox-advertisement | 1 an | Le cookie est défini par le consentement des cookies GDPR pour enregistrer le consentement de l'utilisateur pour les cookies dans la catégorie « Publicité ». |
cookielawinfo-checkbox-analytics | 1 an | Ce cookie est défini par le plugin GDPR Cookie Consent. Le cookie est utilisé pour stocker le consentement de l'utilisateur pour les cookies de la catégorie «Analytiques». |
cookielawinfo-checkbox-functional | 1 an | Le cookie est défini par le consentement du cookie GDPR pour enregistrer le consentement de l'utilisateur pour les cookies de la catégorie «Fonctionnel». |
cookielawinfo-checkbox-necessary | 1 an | Ce cookie est défini par le plugin GDPR Cookie Consent. Les cookies sont utilisés pour stocker le consentement de l'utilisateur pour les cookies de la catégorie «Nécessaire». |
cookielawinfo-checkbox-others | 1 an | Ce cookie est défini par le plugin GDPR Cookie Consent. Le cookie est utilisé pour stocker le consentement de l'utilisateur pour les cookies de la catégorie «Autres». |
cookielawinfo-checkbox-performance | 1 an | Ce cookie est défini par le plugin GDPR Cookie Consent. Le cookie est utilisé pour stocker le consentement de l'utilisateur pour les cookies de la catégorie «Performance». |
CookieLawInfoConsent | 1 an | Enregistre l'état du bouton par défaut de la catégorie correspondante & le statut du CCPA. Il fonctionne uniquement en coordination avec le cookie principal. |
elementor | 1 jour | Le thème WordPress du site utilise ce cookie. Il permet au propriétaire du site Web de mettre en œuvre ou de modifier le contenu du site Web en temps réel. |
Cookie | Durée | Description |
---|---|---|
_ga | 1 an 1 mois 4 jours | Ce cookie est installé par Google Analytics. Le cookie est utilisé pour calculer les données de visiteur, de session, de campagne et pour suivre l'utilisation du site pour le rapport d'analyse du site. Les cookies stockent des informations de manière anonyme et attribuent un numéro généré de manière aléatoire pour identifier les visiteurs uniques. |
_ga_* | 1 an 1 mois 4 jours | Ce cookie est installé par Google Analytics. Le cookie est utilisé pour calculer les données de visiteur, de session, de campagne et pour suivre l'utilisation du site pour le rapport d'analyse du site. Les cookies stockent des informations de manière anonyme et attribuent un numéro généré de manière aléatoire pour identifier les visiteurs uniques. |